De 1880 jusqu’à la première guerre mondiale
La Tungria
Avant d’aborder l’histoire du cercle des étudiants luxembourgeois, il faudra d’abord s’intéresser à une autre société, la « Tungria », qui, sous certains aspects, a eu une fonction de prédécesseur à la société luxembourgeoise.
La Tungria a été fondée probablement au cours du mois de juin 1877, sous le nom de « Concordia ». Dès la rentrée en octobre 1877 cependant, elle a porté le nom de Tungria et regroupait des étudiants de toute nationalité, à condition qu’ils parlaient l’allemand. Ainsi se retrouvaient des allemands, autrichiens, belges, portugais, suisses, mais aussi plusieurs luxembourgeois.
La Tungria fonctionnait sur le modèle des Burschenschaften allemandes. Les couleurs de la Tungria étaient bleu-blanc-jaune. Il est très probable qu’elle a été fondée sous l’impulsion d’étudiants germaniques, ayant déjà appartenu à une coporation et connaissant donc bien les traditions de la Kneipe et de la Bierzeitung.
De la dizaine d’étudiants qui composaient la Tungria, quatre au moins étaient des étudiants luxembourgeois. Eugène Koltz de Mersch, Nicolas Ostert de Ermsdorf, Nicolas Kass de Hollerich et François Kayl de Remich étaient tous étudiants en ingénieur.
Pourtant les activités de la Tungria n’étaient que d’une courte durée, puisque, faute de membres, elle cessa d’exister en 1879. Les dernières Bierzeitungen datent de mai 1879. Koltz, Kayl, Kass et Ostert terminaient alors leurs études et leur relève n’a apparemment pas été prise. Est-ce que les étudiants grand-ducaux songeaient déjà à créer leur propre cercle ?
Quoi qu’il en soit, il est frappant de constater que, dès la cessation des activités de la Tungria, le cercle des étudiants luxembourgeois a pris naissance. L’absence de nouveaux étudiants au sein de la Tungria, des étudiants qui se regroupent dès 1880 au cercle luxembourgeois, a en tout cas du favoriser le déclin de la Tungria.
Les anciens luxembourgeois de la Tungria étaient toutefois bien connus de leurs camarades du cercle, puisque en 1882 ils sont invités au Stëftungsfest. Il est fort à parier que la connaissance des traditions de la Kneipe allemande a influencé le développement du cercle luxembourgeois.
La fondation en 1880
C’est le mercredi 18 février 1880, tard dans la soirée, que le cercle des étudiants luxembourgeois « D’Letzebuerger » a été fondé. Neuf membres fondateurs se sont réunis ce soir là pour former la société luxembourgeoise. Il s’agissait de Jean Monen, Mathias Majeres, Alphonse Gérard, Nicolas Duren, Jean Hoffmann, Nicolas Walch, Mathias Treinen, Georges Servais et Joseph Ries. Victor Peltier est immédiatement nommé membre honoraire, ainsi que Camille Aschmann lors de la réunion suivante.
18.02.1880
Le récit du Béierbuch de 1880, le livre du secrétaire où ont été inscrits tous les rapports de réunion, nous rapporte les détails de la première soirée. Georges Servais, étant retenu par des obligations familiales, n’a pas pu assister à la réunion de fondation, qui se tenait au premier étage du café « Herrmann » (?) dans la rue de Namur à Louvain. Lors de la première réunion, les membres fondateurs s’occupent surtout des statuts de la société et vont élire un premier comité. Des élections sortent Jean Monen, président, Mathias Majeres, vice-président, Alphonse Gérard, secrétaire et Nicolas Duren, trésorier. La première séance se terminait dans l’allégresse et l’optimisme de voir prospérer la jeune société.
Que le cercle luxembourgeois ait été fondé en 1880 est dû à plusieurs raison. L’analyse des statistiques des étudiants luxembourgeois inscrit à l’université de Louvain révèle une évolution croissante du nombre d’étudiants luxembourgeois à partir de 1875. En effet, si en 1875 seul 5 luxembourgeois fréquentaient l’université de Louvain, leur nombre s’est élevé à quinze en 1880. De ces quinze étudiants, neuf vont fonder le cercle. Il apparaît donc que ce n’est qu’en 1880 que les conditions de viabilité d’une société estudiantine luxembourgeoise à Louvain sont remplies.
Par ailleurs, la fondation du cercle D’Letzebuerger se fait au début d’une période de prolifération de cercles estudiantins à Louvain. Jusqu’en 1875, les sociétés estudiantines étaient organisés surtout sur base des facultés, et les professeurs tenaient une place importante dans l’animation de ces cercles. A partir de cette époque, les étudiants commençaient à se regrouper sur base régionale dans des cercles, où ils assuraient eux-mêmes la direction. De nombreuses provinciales ou gildes vont ainsi voir le jour. Logiquement, les étudiants les plus éloignés de chez eux, et qui ne rentraient que très rarement, étaient les premiers à se regrouper.
Ainsi, la Lux, provinciale des étudiants luxembourgeois belges a été fondée officiellement le 17 novembre 1879, quelques mois seulement avant le cercle D’Letzebuerger. En 1878 déjà, les premières provinciales belges s’étaient regroupées dans une organisation plus vaste, la Société Générale, qui allait trente ans plus tard se diviser en deux organes, la Fédération Wallonne et le Vlaams Verbond. Fondé en 1880, le cercle luxembourgeois a ainsi devancé la plupart des régionales belges.
Texte complet de la première séance (vers Archives)
Les membres fondateurs
Jean Monen, président
Mathias Majeres, vice-président
Nicolas Duren, trésorier
Alphonse Gérard, secrétaire
Nicolas Walch
Joseph Ries
Georges Servais
Mathias Treinen
Jean Hoffmann
Camille Aschmann
Victor Peltier
Lors de l’année de fondation du cercle, 15 luxembourgeois étaient inscrits à l’université de Louvain. Neufs étudiants vont fonder le cercle. Qui étaient ces membres fondateurs du cercle ?
Jean Monen, né à Essingen près de Mersch le 6 septembre 1856, premier président du cercle, étudiant de 1878 à 1882. Il étudiait d’abord à la faculté de philosophie et lettres et terminait ses études à la faculté de droit. En 1879-1880 il passait le premier examen de philosophie et lettres. Jean Monen retournera après ses études probablement au Luxembourg. Mais en 1887 déjà, la nouvelle de son décès parviendra à la société luxembourgeoise.
« Am 18 Oktober 1887 griff der Tod noch einmal verheerend in unseren Reihen ein und raubte uns das Ehrenmitglied H. Johann Richard Monen v. Blumm. Am 21 Oktober wurde ein Mitglied abgesandt um die Gesellschaft beim Leichenzug zu ersetzen. »
De Mathias Majeres de Weiler près de Clervaux, nous ne savons malheureusement que très peu, ci n’est qu’il passait en 1880 le premier examen en médecine. Il n’est cependant pas repris dans les sources bibliographiques de l’université, et il faut donc supposer qu’il n’a pas terminé ses études de médecine.
Nicolas Duren, né à Bettembourg en 1859, a fait preuve d’une longue carrière universitaire, puisqu’il a étudié de 1878 à 1888. Trésorier lors de la fondation, il sera président du cercle à plusieurs reprises. Duren passa d’abord les examens de candidat en sciences naturelles. Lorsqu’en février 1881, il passait avec succès la première partie des examens de candidature en sciences, cet événement a été dignement fêté. Lors de la réunion le même soir, Duren, qui était alors président du cercle, décidait de remettre sa présidence.
« (...) ein Ereignis vorgefallen war, wie es die Welt noch nie erlebt hatte (...) : Klas (Nicolas Duren) war halber Candidat in den natürlichen Wissenschaften geworden. »
Mais la fête avait ses conséquences :
« Ströme Bieres habe ich nach meinem Innern geleitet, um den ungewohnten Eindruck zu verwischen, allein es gelang nicht, und da ich von diesem außerordentlichen Zustand nicht zurückkam, sondern vielleicht immer tiefer hineinwate, halte ich es für angezeigt das Präsidium abzugeben. »
En 1883, Nicolas Duren passait alors les examens de candidat en droit, se donna ensuite à l’étude de la médecine et fut reçu finalement en 1888 docteur en médecine, en chirurgie et en accouchements. Il s’établira docteur à Messancy.
Alphonse Gérard, secrétaire lors de la fondation du cercle en 1880, est né à Rodange en 1856, et a étudié de 1876 à 1880 à l’école spéciale des ingénieurs. Il est nommé en 1883 ingénieur des minières de Lamadelaine, poste qu’il va conserver jusqu’à sa mort. En avril 1900, il fut écrasé par un train à Esch-sur-Alzette, près de l’Usine Aachener-Hütten-Verein.
Nicolas Walch, né en 1858 à Niederpallen, fait de 1877 à 1880 des études à la faculté de philosophie et lettres et fut reçu docteur en 1880. Il sera d’abord nommé au collège communal de Virton et ensuite à l’Athenée royal de Chimay.
Joseph Ries va entamer après ses études d’ingénieur une carrière internationale. Né en 1860 à Esch-sur-Alzette, il étudiait de 1879 à 1883 à l’école spéciale des ingénieurs. Il sera d’abord ingénieur à la société des Hauts-Fourneaux de Metz et Cie. En 1889, il échangea ce poste contre celui des Hauts-Fourneaux de la société de Sclessin à Liège. En 1895, Joseph Ries est nommé ingénieur aux Hauts-Fourneaux de la société de Toula en Russie centrale, où il dirigea cette usine comme directeur-gérant de 1900 à 1902. En 1903, Joseph Ries revint en Belgique, choisit son domicile à Liège et sera à partir de 1906 directeur des Hauts-Fourneaux d’Angleur.
Georges Servais sortira de l’école spéciale des ingénieurs en même temps que Joseph Ries. Il est né en 1858 à Clervaux, et poursuivait d’abord des études de philosophie, puis de 1880-1882 ceux de droit, et en 1882-1883 finalement les cours de l’école spéciale. Georges Servais fut d’abord occupé aux hauts fourneaux de Rumelange, avant d’être nommé chef du laboratoire de l’usine de Rodange. Il est décédé le 3 juin 1941 à l’âge de 83 ans.
Mathias Treinen travaillait, comme Joseph Ries, d’abord à l’étranger. Né en 1858 à Limpertsberg, où ses parents exploitaient une importante propriété agricole, il étudiait de 1879 à 1884 à l’école spéciale des ingénieurs. D’abord engagé à la Société des Hauts-Fourneaux, mines et usines de Rumelange-Ottange, il part en septembre 1885 pour prendre un engagement à la Société des chemins de fer départementaux à Tiarat en Algérie, puis à Château Landon en Seine-et-Marne en France.
En décembre 1888, il repart avec un équipe d’ingénieurs de Louvain, sous la direction du professeur Louis Cousin, pour le Chili afin de diriger la construction du chemin de fer des Andes. Il en reviendra épuisé en 1892, et prendra un repos afin de rétablir sa santé. En 1894, Treinen prend la gérance des usines de Colmar-Berg, poste qu’il a conservé jusqu’à la liquidation des usines en 1921. Mathias Treinen est décédé en 1934.
Jean Hoffmann finalement est né à Junglinster en 1856. Il étudiait de 1877 à 1880 à l’école spéciale des ingénieurs. Il devint en 1885 chimiste à la société des Hauts-Fourneaux de Audun-le-Tiche en Alsace-Lorraine, avant de partir en 1889 comme chimiste à Reschitza en Hongrie.
Camille Aschmann, membre honoraire lors de la fondation du cercle a fait une brillante carrière universitaire. Né à Bous en 1857, il s’inscrit, après avoir fait des études privées, pour la pharmacie en 1876. En 1878, il obtient le diplôme de pharmacie. Camille Aschmann continue alors des recherches à l’université de Louvain comme assistant du professeur Henry Louis. Il aura alors de 1880 à 1881 le privilège de travailler avec le professeur Kékulé, mondialement connu pour ses travaux dans le domaine de la chimie, à Bonn-Poppelsdorf. Il obtient en 1883 le diplôme de docteur en sciences physiques avec sa dissertation intitulée : « Sur le pouvoir additionnel des composés non saturés bivalents et les dérivés allyl-acétiques ».
De retour à Luxembourg en 1883, Camille Aschmann sera d’abord nommé professeur à l’école agricole à Ettelbrück, et va diriger ensuite la Station agricole à cet institut. Camille Aschmann est décédé le 23 février 1921 à Bruxelles.
De Victor Peltier de Strassen, qui restera membre honoraire du cercle jusqu’en 1911, nous ne savons malheureusement que peu de choses. Peltier travaillait à une brasserie à Louvain.
L’origine et le folklore des Knäipen
Le folklore estudiantin, et la forme de leurs réunions, que les étudiants avaient choisi, s’apparentait très fort à celui des Burschenschaften allemandes, sans pour autant adopter toutes les règles du Commers allemand. La vie folklorique ne se développait cependant que peu à peu, mais dès mars 1880, la société luxembourgeoise disposait de son propre Commersbuch. Le « Leibziger Biercomment » servait d’original pour rédiger le Comment. A plusieurs reprises, ce Biercomment est cité, et le règlement luxembourgeois complété par des règles et coutumes reprises dans le « Leibziger Biercomment ».
En quoi consistaient donc les activités du cercle pendant cette première année d’existence ? Les réunions, qui se tenaient le plus souvent le samedi soir, se déroulaient dès le départ selon le modèle des Kneipen des Burschenschaften allemandes. La plupart des Kneipen, un membre de la société, dont le tour était tiré au sort avant, était chargé de préparer la Bierzeitung, sorte de journal humoristique. Souvent sur le thème de la bière ou des filles, ils racontaient les aventures et mésaventures des membres de la société et de la vie de Louvain, tel que le laisse suggère le récit ci-joint.
La Bierzeitung est souvent accompagné de dessins soignés, illustrant la Kneipe. Lorsque le tour était épuisé, on déterminait de nouveau en tirant au sort, celui qui était en charge de la rédaction de la Bierzeitung.
Les réunions étaient divisées en deux parties. Le Convent ne durait généralement qu’un quart d’heure. On y discutaient des décisions à prendre pour les affaires du cercle. Immédiatement après le Convent commençait alors la Kneipe. Celle-ci se déroulait alors souvent jusqu’à minuit. Parfois même, la police intervenait pour terminer la réunion, comme le témoigne le récit suivant :
Dès la deuxième réunion, on décidait que chaque membre devait choisir un surnom monosyllabe, que l’on allait désormais utiliser durant les réunions. Le président Jean Monen s’appelait ainsi désormais Bum, Mathias Majeres Dachs, Nicolas Duren Klas ou encore Victor Peltier Faass. Une corne, que l’on remplissait de bière, faisait parfois la ronde lors d’un chant. Un différent entre deux membres se réglait par un Bierjungen, un duel de à fond, et celui qui vidait le premier son verre obtenait satisfaction du litige.
Il relève évidemment de la spéculation de discuter de l’origine de ces traditions allemandes au sein d’un cercle d’étudiants luxembourgeois en Belgique. Toujours est-il que la Tungria précédait la fondation de la société luxembourgeoise. La Tungria dérivait sans doute sa tradition des Kneipen de l’appartenance de plusieurs étudiants germanophones. Plusieurs membres fondateurs du cercle luxembourgeois connaissaient certainement les anciens de la Tungria car il fréquentaient les mêmes cours. Le contact des anciens de la Tungria était par ailleurs resté intact, et on peu supposer que le folklore de la Tungria ait, en partie du moins, inspiré le cercle luxembourgeois.
La refondation en 1884
Il ressort des rapports des réunions que en 1882 déjà, peu à peu des signes de lassitude commençaient à apparaître lors des réunions. Cet état des choses faisait que, durant le semestre d’hiver 1881-1882, les avis que le règlement de la société n’était pas approprié, se multipliaient. On décidait alors de revoir entièrement le Commers, et une commission spéciale avait pour but de soumettre un nouveau règlement à la société.
Plusieurs indices nous permettent aujourd’hui d’affirmer que le cercle a été refondé en février 1884. En effet, les rapports des Kneipen s’estompent en juillet 1882, et ne reprennent plus au premier semestre de l’année académique 1882-1883. Il semble que l’enthousiasme qui avait porté les membres durant les trois premières années n’ait pas suffit pour reprendre les activités.
Jos. Wils mentionne en 1909 dans un recueil reprenant tous les étudiants considérérs comme germaniques, c’est-à-dire les étudiants allemands-autrichiens, hongrois et luxembourgeois, que le cercle « D’Letzebuerger zu Löwen » a été fondé en février 1884. Les étudiants eux-mêmes ont estimé pendant plus d’une dizaine d’années, que la fondation a eu lieu en 1884. En effet, nous retrouvons dans les Béierbicher les rapports sur le Stëftungsfest 1884-1891. Les souvenirs du 10ème anniversaire du cercle se fêtent en 1894, considérant donc toujours l’année 1884 comme année de fondation.
Le rapport de la séance de refondation du 23 février 1884 est lui-même révélateur.
« Nach einigen in heimlicher Erwartung verbrachten Minuten, die den meisten stundenlang schienen, durchflog ein freudiges Geflüster die harrenden Reihen : « Er ist unten. » Und wirklich. Nicht lange währte es und er kam, kam begleitet von zwei Trabanten, hintendrein folgten die Getreuen. »
Lui, c’était le président d’honneur, le professeur Nicolas Breithof. Il était probablement accompagné par Eugène Koltz et Victor Peltier, qui restent membres honoraires actifs de la société pendant de longues années.
Le cercle a été refondé par le professeur Nicolas Breithof, qui deviendra leur premier président d’honneur. D’après le rapport, il semble que la réunion eu lieu en présence d’anciens, membres du cercle déjà en 1882, mais aussi de nouveaux, qui ne connaissaient rien à la Kneipe et au Convent.
La vie du cercle avant la première guerre mondiale
La vie du cercle était surtout rythmé par les Knäipen. A certaines réunions, on fêtait les Namenstag d’un membre, en invitant alors quelques autres étudiants luxembourgeois. Parfois, il arrive qu’un fut de bière de Diekirch, que les étudiants luxembourgeois apprécient bien plus que la bière brune du café, ait été livré.
« Endlich sind die Ferien vorüber und die Conkneipanten versammeleten sich zum ersten Male im Jahr 1882, um sich das köstliche Diekircher Gebräu recht munden zu lassen, dessen Sendung und Ankunft wir Studiosus Flesch (Georges Hemmer) verdanken. »
En mai 1881, eu lieu une première excursion annuelle. A l’occasion du Stëftungsfest du cercle, Villers-la-Ville avec ses anciennes ruines a été visitée. Les années qui précédaient la première guerre mondiale étaient certainement aussi marquées par les excursions de fin d’année. Ces excursions ont même été illustrées par des photos dans la Bierzeitung.
Vers la fin de l’année académique 1881-1882 on célébrait enfin l’anniversaire du cercle a été fêté pour la première fois. Pour l’occasion, quelques anciens et amis du cercle, comme par exemple les anciens de la Tungria, ont été invité. Il y eu aussi deux membres de la Lux, et le président de la société hollandaise. La salle avait été spécialement décoré pour la fête.
Le cercle comptait parmi ces membre honoraires plusieurs personnages illustrer. Monseigneur Jean Koppes, évêque de Luxembourg, est ainsi devenu en 1888 membre honoraire du cercle.
Michel Lentz, poète national est lui aussi cité comme membre honoraire du cercle luxembourgeois.
En mai 1899, la société luxembourgeois a enfin pu réaliser l’acquisition d’un drapeau. L’initiateur et promoteur de cette idée fut Jean Terrens. Etudiant en philosophie et lettres de 1880 à 1884, et promu docteur en philosophie et lettres en 1884, Jean Terrens ne faisait pourtant pas partie du cercle lors de sa fondation de 1880 à 1882. Par contre, il a été probablement président lors de l’année de refondation en 1884. Jean Terrens gardera un contact étroit avec le cercle, puisqu’il reviendra a de nombreuses occasions. D’abord nommé professeur à l’Athenée de Hasselt, il deviendra ensuite professeur à l’Athenée d’Anvers.
Malgré que les Kneipanten payaient en principe de leurs propres poches les frais des activités du cercle, il arrivait que la caisse du cercle se retrouvait parfois bien vide. On arrivait ainsi que l’on faisait appel aux anciens, pour leur donner un soutien financier afin de pouvoir relancer les activités.
L’affaire Siebenaler
Alors que le cercle luxembourgeois commençait à peine à fonctionner normalement, l’année académique 1886-1887 commençait sous de bien mauvais auspices et qui risquait de mettre en péril de nouveau la vie du cercle. En effet, en novembre 1886, suite à un important différend, tous les Füchse de l’année académique 1885-1886, à peine promu comme Burschen, ont été exclu du cercle.
C. Jacquart, Nicolas Siebenaler, Jean Schwind et Jean-Pierre Schock composaient en 1885-1886 le Fuchsenstall du cercle. Manifestement, ils n’avaient guère apprécié cette année de Fuchs passé au sein du cercle.
Le secrétaire résumait les ressentiments des Füchse dans le paragraphe suivant :
« Die Kneipe sei zu militärisch und sie könne vielleicht einem preußischen Studenten Vergnügen verschaffen, nicht aber einem freien Luxemburger ; die Ansprüche, welche sie an ihre Mitglieder Mitglieder richte, seien allzuhoch und mit den Kosten einer Kneipe könne man sich einen ganzen Monat belustigen, zudem würden ihre Gelder nur schlecht verwaltet, der beste Beweis liefere der Ausflug nach Ostend, an dem nur verbummelte Mitglieder theil genommen hätten, während sie der Gesellschaft Zierde zu Rufe, sich auf ihre glänzenden Examina vorbereiteten, aber auch wohl jetzt mit Stolz ihre Ehrenmedaille tragen könnten. »
En novembre 1886, en réponse à un article paru dans le « Journal de Luxembourg », qui faisait l’éloge des Burschen et du cercle de Louvain, un article paraissait dans le « Luxemburger Wort ». L’auteur restait anonyme et déplorait le peu de sérieux avec lequel les étudiants membres du cercle de Louvain poursuivaient leurs études. Plus tôt que d’étudier, il consommaient jusqu’à 60 litres de bière pour 16 membres. Seuls les Füchse se seraient bien portés, et ont en conséquence bien réussi leurs examens.
Pour découvrir les auteurs de l’article, le comité décidait de rédiger une note de protestation à signer par chaque membre du cercle. Un convent fut convoqué, où tous les membres du cercle signaient la note de protestation, sauf les quatre Füchse de l’année académique 1885-1886. C. Jacquart, Nicolas Siebenaler, Jean Schwind et Jean-Pierre Schock ont alors été exclus à l’unanimité du cercle au convent du 3 décembre 1886.
Cette exclusion aura cependant encore longtemps des conséquences pour le cercle. Nicolas Siebenaler a en effet ensuite continué une brillante carrière au sein de l’université. Il sera nommé professeur à l’école spéciale des ingénieurs. « Sieben » était ainsi réputé comme étant particulièrement dure avec les étudiants luxembourgeois.
Il gardera encore longtemps rancune envers le cercle luxembourgeois, a tel point qu’il faisait de la publicité négative auprès des professeurs de l’Athenée de Luxembourg, école d’ou sortait la plupart des étudiants qui continuaient des cours à l’université.